jeudi 22 février 2007

Philippe Auguste



Philippe II dit ‘’ auguste’’ (1165-1223)




Fils de Louis VII, Philippe II naît le 21 août 1165, il est sacré le 1er novembre 1179 et meurt le 14 juillet 1223.
Il est le septième roi de la dynastie des Capétiens, et le premier souverain à porter le titre de Roi de France, au lieu de Roi des Francs.
Il demeure un personnage très étudié, non seulement pour la longueur de son règne, mais aussi pour ses victoires militaires (Bouvines-27 juillet 1214-apogée de son règne) et pour ses démarches en vue d’affermir le pouvoir central et mettre fin à la féodalité.

A cette époque, les Juifs forment des Communautés importantes dans plusieurs villes. Ils sont ordinairement soumis au contrôle royal, beaucoup se sont spécialisés dans le prêt à interets, interdit aux chrétiens.
En 1182, Philippe II (au début de son règne) prend la décision d’expulser les Juifs et de confisquer leurs biens (avril 1182), ce qui tranche avec la protection accordée par son père Louis VII.
La motivation officielle désigne les Juifs comme responsables de nombreuses calamités ; mais la véritable raison est de renflouer les caisses de l’Etat, bien vides au début du règne.
Les Juifs sont pour le roi, comme le raconte le chroniqueur du temps-Rigord- « très riches, cupides et cruels, ils tuent les enfants chrétiens et profanent les objets sacrés qu’on leur confie en gage ».

Les Juifs se réfugièrent pour la plupart à Rouen et en Normandie (possession anglaise) ; ces mesures furent populaires mais ne perdurèrent pas, l’interdiction de territoire fut difficile à appliquer et elle cessa en 1188 ; il s’ensuivit une attitude pseudo-conciliatrice !

Dès leur retour, les Juifs furent protégés moyennant un nouvel impôt
(la Taille) et le payement d’un droit d’enregistrement de leurs transactions.
Celles-ci furent extrêmement réglementées, avec un intérêt maximal de quarante trois pour cent !


CE FUT UNE EPOQUE DE RAYONNEMENT !



Bibliographie :


- Ph. Auguste et son gouvernement. John Baldwin-Fayard-1991
- Actualité de l’Histoire : les Rois de France-1991
- Les Capétiens-R.Laffont-1999


Dr Enoch Yanishevski-5766




Rachi







Bulles de Champagne : la légende de Rachi



De nombreuses légendes tournent autour du nom de Rachi (Rabbi Chelomo ben Itzhak), d’après certains textes, lors d’un voyage en Orient, il serait devenu le disciple de Maimonide,
Ce qui est très curieux car celui-ci est né en 1135, soit trente ans après la mort de Rachi !

La naissance de Rachi : les légendes concernant la naissance de Rachi se trouvent pour la plupart dans le Shalchelet ha Kabbalah (la chaîne des Traditions) publié en 1587 par Gédalia ben Joseph ibn Yahia.

Le premier problème qui se pose est celui de la filiation de Rachi ; comme on ne connaît pas ses ancêtres, on a crée de toute pièce des généalogies fantaisistes mais prestigieuses ; ainsi selon une descendance élaborée en Italie au 17eme siècle, Rachi descendrait d’un Rabbin du 2eme siècle-Johanan ha-Sandlar-, l’un des derniers disciple de Rabbi Akiba !
Comme si cela ne suffisait pas, Rachi bénéficie aussi de l’aura de son oncle maternel Simon ben Isaac dit le Grand- Rabbin de Worms, qui dit on descend du Roi David !

Le deuxième problème est celui de la naissance de Rachi proprement dite, la tradition raconte que son Père possédait un joyau de grande valeur.Des Non juifs voulurent le lui dérober mais Isaac ne cédât point.
Un jour, ils l’attirèrent dans un piège sur un navire et plutôt que de leur donner la pierre, il la jeta dans la mer, alors une voix céleste se serait écriée :

« Un fils te naîtra, o Isaac, un joyau spirituel qui illuminera le monde de sa sagesse »

pour enjoliver encore un peu plus ce récit, on raconte à Worms que lorsque la Mère de Rachi était enceinte, elle marchait un jour dans la rue quand deux attelages entrèrent en collision.
Effrayée, elle se pressa contre un mur qui s’incurva pour lui faire de la place !
C’est ainsi que sa famille, craignant une accusation de sorcellerie, quitta Worms et alla à Troyes où naquit un fils prénommé Salomon.
Certains prétendent que plus tard, Rachi enseigna dans cette anfractuosité et l’on montre au touriste éberlué, un siège dressé sur trois marches comme étant la « chaise de Rachi » bien qu’il n’ait jamais enseigné à Worms !

Rachi et Godefroi de Bouillon :

La fin de Rachi qui aurait pu être paisible fut tourmentée par les massacres anti-juifs de la première croisade, cependant ses écrits ne font aucunement mention de ces faits.
En revanche, le « trucage » le plus fascinant des légendes est la rencontre entre Rachi et Godefroi de Bouillon.



Sur le point de partir pour la première croisade, Godefroi de Bouillon aurait demandé à rencontrer Rachi de Troyes ; celui-ci refusa de venir !
Godefroi de Bouillon se serait alors rendu à Troyes accompagné de ses cavaliers mais il fut bredouille.
Rachi n’apparaissant toujours pas, Godefroi repartit et sur la route, il rencontra un élève du Maître.

« Veuillez –lui dire qu’il doit paraître devant moi et je jure qu’il n’a rien à craindre »

Rachi apparut alors et Godefroi lui posa un certain nombre de questions, sa réponse se présenta comme une prédiction :

« Vous prendrez la Ville et vous régnerez sur Jérusalem trois jours, mais le quatrième les autochtones vous mettrons en fuite et vous reviendrez céans avec seulement trois chevaux ».

« Cela se peut, mais si je reviens avec seulement un cheval de plus, je mettrai à mort tous les Juifs de France »

Après quelques années, Godefroi de Bouillon revint avec trois cavaliers ; il résolut de mettre sa menace à exécution mais quand ils pénétrèrent dans Troyes, une pierre se détacha et tua un cheval !
Le Duc s’inclina devant la sagesse du Maître et voulut lui rendre hommage mais hélas (trois fois hélas) il était déjà mort (ce n’est pas de chance !).

Tout cela est fascinant, trop bien ficelé pour être vrai ; on dirait une superproduction hollywoodienne !

En réalité, Godefroi n’est jamais revenu des croisades, il est décédé à Jérusalem le 18 août 1100 ; Rachi est mort cinq ans après, le 29 Tammouz 4865 (13 juillet 1105)


La fin de Rachi

Son lieu de sépulture reste un mystère, tout a été effacé ; il existe une Tradition qui le lie à Prague ; mais de toute façon, son mérite continue à nous protéger.

Dr Aharon Feldmann-5764

Sources :

Sahlehet ha Kabbalah – Venise-1587
Raschi,his teaching and personality-NY-1958 by S.Ferderbusch
Rachi de Troyes le mythe. Archives juives-Colette Estin-1998

Charlemagne et les Juifs

Quand Charlemagne (748-814) succède à son père Pépin le bref en 768 et devient roi des Francs, il n’y a pratiquement plus de païens dans le royaume, sauf quelques enclaves germaniques.
On dénombre, cependant, un certain nombre de Communautés Juives, qui y vivent et qui sont acceptées dans la vie publique.
On trouve ces Communautés à Aix la Chapelle, Bordeaux, Soissons,Lyon,Arles,Narbonne…,
les Juifs vivant à la ville ou à la campagne.

Polyglottes, ayant des contacts avec d’autres Communautés, les Juifs vont permettre au jeune empire de développer les échanges économiques et commerciaux.
Les marchands exportent vers l’Italie, l’Espagne des esclaves, des fourrures, des armes et importent des épices, des baumes, des dattes, des métaux précieux….

Si les Juifs ont continué à bénéficier du droit romain, le droit traditionnel est toujours de vigueur, servant à régler les litiges intérieurs de la Communauté, ainsi que les rapports entre les Juifs et les chrétiens.
Il est à noter que Charlemagne (Carolus Magnus) a établit une unique discrimination juridique : un Juif s’il este contre un chrétien doit fournir un plus grand nombre de témoins qu’un chrétien dans la même situation.
En fait, les seules interdictions légales sont d’origine ecclésiastique et visent à protéger le serviteur chrétien : interdiction de le faire travailler le dimanche ou un jour de fête ; cependant les Juifs restent exclus des fonctions officielles, sans doute à cause du caractère chrétien de l’organisation sociale, exception faite du Juif Isaac qui fut chargé par Charlemagne d’une mission diplomatique auprès du Calife Haroun al-Raschid à Bagdad.

A propos de l’assimilation, si les Juifs continuent à recevoir des prénoms bibliques, ils les latinisent rapidement ainsi Nathan devient Donatus, Isaac Gaudionus……………
Rapidement, au IXe siècle, les Juifs germanisent leur patronyme et seule la mention Judaeus hebraeus qui suit leur nom dans les textes permet de suivre leurs traces.
Ainsi, les Juifs parlent la langue de l’Empire, il n’est pas encore question ni de ghetto, ni de massacres, ni de signes distinctifs, ni de vêtement particulier ; la seule différence c’est que les Juifs portent une barbe et des cheveux longs alors que les Francs chrétiens se rasent ! (Exit la légende de l’empereur à la barbe fleurie).

Les chrétiens fréquentant ou travaillant chez (ou avec) les Juifs suivent leur rite, de nombreux échanges spirituels ont lieu, d’où la notion de Judaïsants créée par les théologiens de l’époque.

Ce qui va inverser la tendance, c’est l’hostilité des clers carolingiens envers le refus de conversion des Juifs de l’Empire, cette indocilité spirituelle va fort irriter ces hommes habitués à l’obéissance autocratique.
La tolérance de Charlemagne, la paix de l’Empire a donc permis un équilibre précaire ; après la mort de Charlemagne, ses successeurs vont autoriser la polémique spirituelle, exacerber les sermons tout en interdisant la violence et la persécution.

C’est l’affaiblissement de l’Empire, ses divisions vers 841, sa disparition au Xe siècle et l’anarchie qui va suivre qui vont faire exploser le système


Dr Aharon Feldmann-5765

Sources :

Tout a commencé en gaule.E.Benbasa-actualités de l’Histoire/04.01
Histoire religieuse de l’occident médiéval.J Chelini/1991


Biquette ne veut pas sortir du chou ...

SAVIEZ –VOUS que la vieille chanson apprise aux enfants dans les écoles « Biquette ne veut pas sortir du chou » vient tout droit d’un chant araméen « Had Gadya » que l’on chante à Pessah et qui a transité vers le français via le provençal ?

Pour le grand public, et de très nombreux Juifs, l’histoire des Juifs de France semble avoir commencé avec l’affaire Dreyfus pour s’achever avec la shoah.

Le Judaïsme français a, dans les esprits, deux sources : les Juifs d’Europe centrale (Ashkénazes) et les Juifs d’Afrique du Nord.

Toutes ces notions, des mauvaises langues l’ont dites et des mauvais esprits l’ont cru !

En réalité, des communautés Juives très nombreuses vivent en France depuis l’époque romaine se déplaçant d’une province à l’autre sous la contrainte des expulsions.

Malgré les interdits, les massacres, les taxes démesurées, les Juifs ont eu de nombreuses activités.

L’histoire enseignée ignore le nom de Rachi, oublie les massacres perpétrés par les croisés , les spoliations, les dénonciations….

Il faut espérer que les quelques notions sommaires développées contribueront à la mise en valeur du patrimoine Juif de France qui est une partie non négligeable du patrimoine national

Dr Aharon Feldmann